baby boomer, healthy, old man-442252.jpg

Secrets de longévité : ce que nous apprennent les zones bleues

Les zones bleues se distinguent par la longévité de leurs habitants, avec des taux de centenaires en bonne santé spécialement élevés. Il est intéressant de remarquer que peu importe où sont situées ces zones, certains paramètres et habitudes de vie semblent se recouper. Suffirait-il d’adopter un régime alimentaire particulier, bouger au quotidien, favoriser le lien social et cultiver un état d’esprit positif pour vivre plus longtemps ? Et tout cela ne fait-il pas largement penser à l’approche naturopathique ?

L’américain Dan Buettner parcourt notre planète depuis plusieurs décennies, à la recherche de ces fameuses zones bleues. Il est allé à la rencontre de leurs habitants, pour chercher à comprendre ce qui pourrait expliquer leur longévité exceptionnelle. Il expose ses conclusions dans deux ouvrages (1) (2), ainsi que dans une mini série Netflix que je vous recommande vivement : « 100 ans de plénitude, les secrets des zones bleues » (3).

On pourrait croire que ces zones concernent uniquement les régions les plus reculées du monde, mais pas seulement. Dan Buettner a ainsi mis le focus sur cinq endroits dans le monde où le nombre de centenaires en pleine forme était particulièrement marquant :

  • Les îles d’Okinawa au sud du Japon
  • La région de Barbagia dans les montagnes de Sardaigne
  • La communauté des Adventistes du 7° jour à Loma Linda en Californie (ville américaine urbanisée de plus de 20 000 habitants)
  • L’île grecque d’Ikaria
  • Nicaya au Costa Rica

Alors, qu’ont en commun toutes ces populations ? Peut-on espérer vivre mieux et plus longtemps en adoptant leurs habitudes ? Si la génétique et l’environnement ont certainement un rôle à jouer sur la longévité, il semble bien que le mode de vie ait un impact prépondérant.

« On ne peut s’empêcher de vieillir,
mais on peut s’empêcher de devenir vieux ».

Henri Matisse

Une alimentation adaptée

Un des premiers paramètres étudiés est bien entendu l’alimentation. On le répète assez, ce que l’on mange constitue notre carburant et a forcément un impact important sur notre état de santé.

Or, le premier constat qui saute aux yeux est que toutes les populations des zones bleues ont adopté une alimentation variée, et principalement végétale. Leurs repas font la part belle aux légumes et aux fruits, sources de fibres, vitamines, minéraux et antioxydants. Le régime d’Okinawa par exemple repose sur une importante consommation de patate douce violette, tandis qu’à Nicaya en Amérique du Sud la courge est à l’honneur. Ce type d’alimentation est par ailleurs reconnu pour ses propriétés anti-inflammatoires, ce qui explique en partie la bonne santé de ces personnes.

Les apports en protéines sont assurés par l’association de céréales et de légumineuses, qui fournissent l’ensemble des acides aminés essentiels. On retrouve ces éléments que ce soit dans le régime méditerranéen en Grèce, le traditionnel minestrone en Sardaigne ou le trio haricots noirs / courge /maïs ou riz au Costa Rica. On peut souligner également la particularité japonaise où la consommation d’algues, de tofu et autres produits dérivés du soja apporte sa part de protéines végétales.

Ces populations peuvent manger une part importante de glucides, notamment en Sardaigne où le pain, les pâtes et autres féculents sont au menu quotidiennement, mais il s’agit de « bons glucides ». Ces habitants des zones bleues utilisent en effet du levain naturel et des céréales complètes, et associent généralement ces glucides avec des légumes frais. Tout ceci contribue à diminuer l’index glycémique des aliments tout en apportant leur part de nutriments et de minéraux.

Les groupes étudiés vivent en lien étroit avec leur environnement. Ils consomment des aliments bruts et non transformés, produits le plus souvent par leurs soins, donc tout à fait locaux et de saison… Exactement ce que l’on recommande en naturopathie dans le cadre d’une alimentation adaptée aux besoins de l’être humain.

Même à Loma Linda aux Etats-Unis, les adventistes apportent une attention toute spéciale à leur alimentation. Leurs repas sont à base de fruits, légumes, céréales complètes, légumineuses et oléagineux, ce qui n’est pas sans rappeler le régime méditerranéen.

Au Japon, un autre paramètre qui a sans doute son influence sur la santé est la notion de frugalité. Un des préceptes consiste à arrêter son repas lorsque l’on est rassasié à 80%, ce qui évite de manger au-delà de ses besoins. Leur nourriture est dense et riche en nutriments, mais peu calorique. Ainsi les habitants d’Okinawa consomment environ 2000 calories par jour. On est loin des 3600 calories (pour la plupart vides) quotidiennes ingurgitées par un américain moyen !

Dernier détail qui a son importance : les repas sont pris en famille ou entre amis, ils représentent un moment d’échanges et de partage, dans une atmosphère agréable. C’est un point sur lequel on reviendra car il a aussi un rôle à jouer sur la bonne santé et la longévité des populations des zones bleues.

Du mouvement au quotidien

Autre élément primordial : ces personnes sont actives tout au long de leurs journées et toute leur vie. La cuisine, le potager, l’élevage… sont autant d’occasions d’entretenir leur mobilité et leur tonus musculaire. Dans un des épisodes de la série, on voit un centenaire sauter sans effort sur son cheval pour attraper des vaches au lasso, assez époustouflant !

Plus simplement, ces gens se déplacent au quotidien en marchant. Dans les ruelles escarpées des villages sardes composés de maisons à plusieurs niveaux, cela constitue un exercice physique à part entière. Dans toutes ces zones bleues on peut aussi observer les gens jouer, danser, chanter… Bref, leur corps est en mouvement au quotidien et naturellement, sans que cela leur demande un effort de volonté ou une planification spécifique.

Par ailleurs à Okinawa, traditionnellement la vie se déroule au sol, ce qui permet même en avançant en âge de conserver équilibre et souplesse.

Enfin, chez les adventistes du 7° jour, qui ont un mode de vie plus moderne, le culte de la santé les encourage à pratiquer une activité physique au quotidien.

Bouger pour rester jeune, voilà encore une clé qui parle bien aux naturopathes.

L’importance du lien social

Dans toutes ces zones bleues traditionnelles, on note l’importance accordée au groupe familial. En effet, le sens de la famille est fort, les liens sont solides, et les aînés sont pris en charge par leurs enfants. Ils conservent ainsi leur place au sein du noyau familial, et sont valorisés pour leur sagesse et leur sérénité. Même lorsqu’une personne âgée se retrouve sans famille, c’est l’ensemble du village qui en prend soin. Les EHPAD n’existent pas dans ces zones. Il paraîtrait d’ailleurs que lorsqu’une personne entre en maison de retraite, elle perd 2 à 3 ans d’espérance de vie, triste constat de notre société…

Au-delà de la sphère familiale, il existe aussi une vie sociale riche chez ces populations. Discussions, chants, danses, traditions festives, convivialité et partage font partie du mode de vie. A Okinawa par exemple, il existe des Moai, des groupes de soutien social. A Loma Linda chez les adventistes, le rôle du groupe est aussi très mis en valeur. Autant d’aspects qui permettent d’éviter l’isolement. Chacun peut ainsi trouver sa place dans le groupe et le soutien dont il a besoin. Nul doute là encore qu’il est plus facile de bien vieillir dans ces conditions plutôt que dans la solitude.

Un état d’esprit positif

Voici le dernier point commun à tous ces habitants des zones bleues, et qui impacte très probablement leur longévité. En naturopathie holistique on s’attache à prendre en compte toutes les dimensions de l’être humain, et cet aspect plus spirituel est également intéressant.

En effet, la foi (au sens large du terme) et l’espoir semblent caractériser ces centenaires heureux. Au Japon, la notion d’Ikigai correspond en quelque sorte à la mission de vie, la raison d’être. On retrouve plus ou moins la même vision au Costa Rica avec le « plan de vida ». Chaque personne sait pourquoi elle est là et ce qu’elle peut apporter au monde. Cela correspond à notre besoin de réalisation de soi, et participe sans aucun doute à l’épanouissement et à une bonne santé mentale.

D’autre part, chez les adventistes californiens, le bénévolat occupe une place importante. Avoir un rôle, se rendre utile pour les autres, c’est aussi un moyen de donner du sens à sa vie.

Plus généralement, ces habitants des zones bleues vivent dans la joie, dont j’ai déjà souligné les vertus. Ils parviennent à équilibrer leur temps de travail et de détente et de repos, et sont relativement bien protégés du stress. Quand on connaît les nombreux effets délétères du stress chronique sur la santé, on peut comprendre que ces populations vieillissent dans de meilleures conditions.

Le soutien des ressources locales

Voici donc pour les principales caractéristiques communes à tous les habitants des zones bleues. Chaque région s’appuie ensuite sur les spécificités locales qui lui sont propres. Les grecs d’Ikaria par exemple, ont développé une connaissance étroite de leur environnement. Ils peuvent ainsi s’appuyer sur le soutien des plantes locales, ou encore les propriétés bienfaisantes de leur miel et de leur vin fabriqués traditionnellement.

Des zones bleues en voie de disparition

Au-delà de ce tableau qui peut paraître un peu idyllique, il faut malheureusement constater qu’aujourd’hui, ces zones bleues ont tendance à se réduire comme peau de chagrin. La nourriture industrielle et les aliments transformés gagnent du terrain dans toutes les zones du monde, au détriment de l’alimentation locale traditionnelle adaptée aux populations. Les occasions de bouger au quotidien se réduisent au fur et à mesure que la mécanisation et l’industrialisation apparaissent même dans les zones les plus préservées.

Et enfin les modes de vie moderne sont moins propices au maintien du noyau familial, du lien social, et d’un rythme de vie équilibré.

Chacun souhaite prétendre au progrès et c’est bien normal. Celui-ci a amené d’énormes avancées en matière de confort et de santé, et on ne peut pas se contenter de dire « c’était mieux avant ». Mais avec le recul, il est possible de faire la part des choses et d’essayer de distinguer ce qui est vraiment bénéfique pour l’espèce humaine. Une alimentation adaptée, du mouvement au quotidien, du lien social et un état d’esprit positif sont certainement des piliers à ne pas négliger.

Nous pouvons donc prendre conscience de tout cela, être à l’écoute de nos besoins et mettre en place les ajustements nécessaires pour espérer vivre longtemps et en bonne santé. Histoire comme le dit l’expression, de rajouter de la vie aux années et pas seulement des années à la vie. C’est un programme plutôt attrayant, n’est-ce pas ? Et si la tâche vous semble difficile à aborder seul, vous pouvez bien sûr envisager un accompagnement naturopathique personnalisé.

Et des expériences locales encourageantes

Enfin pour finir sur une note positive, il est intéressant de savoir que Dan Buettner a cherché à reproduire les conditions de vie des zones bleues afin d’obtenir les mêmes résultats sur la santé et la longévité. Il a donc tenté l’expérience, en recherchant le soutien des collectivités locales et des populations dans quelques villes américaines. Son programme a rencontré l’adhésion des différentes parties prenantes, et les résultats (mesurés en terme d’estimation d’espérance de vie moyenne) ont rapidement dépassé les prévisions.

Ce que l’on peut en tirer comme conclusion c’est que nous avons la possibilité d’impacter positivement notre santé, sur le plan individuel bien sûr mais pas seulement. En tant que consommateur, nous possédons un pouvoir sur nos choix d’achats. Si un produit n’est pas acheté, il ne sera pas commercialisé, c’est tout à fait basique. Ce n’est pas toujours évident de se détacher des sirènes du marketing, mais en orientant notre consommation vers des choix raisonnables et responsables, nous avons un rôle à jouer. De même en tant que citoyen, nous pouvons influer sur les choix de nos dirigeants. Dans le dernier épisode de la série « 100 ans de plénitude », on constate que les collectivités locales se sont réellement investies pour offrir un environnement favorisant la santé et le bien-être. C’est donc possible et souhaitable de toute urgence !

J’espère que cet article pourra vous inspirer, et je vous souhaite une longue vie en pleine santé !


Sources et références :

(1) : Buettner, D. (2010). Blue zones : Où vit-on mieux et le plus longtemps ? Ca m’intéresse.

(2) : Buettner, D. (2019). Les zones bleues du bonheur : Vivre comme les personnes les plus heureuses du monde. De Boeck Superieur.

(3) : Watch Live to 100 : Secrets of the Blue Zones | Netflix official site. (s. d.). https://www.netflix.com/fr/title/81214929

Cet article a été rédigé à 100% par un humain.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Retour en haut